Recherche suisse contre le cancerNotre engagementNous soutenons les chercheuses et chercheursExemples de projets scientifiquesPoursuivre un rêve à l’aide de substance photosensibles

Poursuivre un rêve à l’aide de substance photosensibles

Le fait que les vaccins contre le cancer n’agissent pas comme on le souhaiterait est dû entre autres au fait que le système immunitaire de l’organisme ne les assimile pas au mieux. A l’aide de substances photosensibles, des chercheurs soutenus par la fondation Recherche suisse contre le cancer interviennent dans les processus inhérents aux cellules immunitaires et se rapprochent ainsi de la vision d’une vaccination contre le cancer.

Un vaccin qui protègerait du cancer est un vieux rêve de la médecine. Le vaccin contre les papillomavirus humains et la protection contre le cancer du col de l’utérus que ceux-ci sont susceptibles de causer a fait prendre pour la première fois un certain degré de réalité à ce rêve, mais pour ce qui est d’autres types de cancer, les succès sérieux font hélas encore défaut. « Cela est dû au fait que le système immunitaire peut traiter les vaccins de deux manières et que les vaccins contre le cancer prennent la mauvaise voie », dit Pål Johansen, responsable de groupe de recherche au département de dermatologie de l’Hôpital universitaire de Zurich.

Toute réaction immunitaire commence par le captage de l’antigène (ou du vaccin) par des cellules immunitaires spécialisées, les cellules présentatrices d’antigène. Selon que l’antigène nage à l’intérieur de la cellule immunitaire librement dans le cytoplasme (le liquide cellulaire) ou dans une vésicule (un petit compartiment contenu dans ce liquide), il y a une différence dans la manière dont il est dégradé et présenté à la surface de la cellule présentatrice d’antigène. Normalement, les antigènes entrent dans la vésicule cellulaire, puis dans le complexe MHC2 qui joue surtout un rôle pour les interactions ayant lieu dans le système immunitaire lors de la fabrication d’anticorps. Mais si un antigène entre dans le cytoplasme, il se lie au complexe MHC1 qui est surtout lié au processus de maturation des cellules T cytotoxiques, celles que l’on appelle cellules tueuses.

Dans la lutte contre les cellules tumorales, les cellules tueuses se sont avérées plus efficaces que les anticorps. Par conséquent, le projet de recherche de Johansen et son équipe vise à faire migrer les vaccins des vésicules au cytoplasme des cellules présentatrices d’antigène. Dans des essais sur la souris, les chercheurs ont procédé à des injections sous-cutanées du vaccin combiné à une substance photosensible. Ils ont ensuite exposé les souris à une vive luminosité, de manière à ce que la substance photosensible fasse éclater les vésicules à l’intérieur des cellules présentatrices d’antigène. Ainsi, le vaccin a pu passer dans le cytoplasme et la réponse immunitaire a entraîné la production d’un surcroît de cellules tueuses.

« Chez la souris, ce principe fonctionne bien », dit Johansen. A présent, en coopération avec un partenaire industriel norvégien, son équipe veut tenter de premiers essais chez l’être humain. Si les résultats encourageants chez l’animal se confirment, la médecine aurait avancé d’un pas de plus vers la réalisation du rêve d’une vaccination contre le cancer.

Numéro du projet : KFS-3451-08-2014