Il y a encore cinquante ans, les médecins étaient totalement démunis face au cancer de l’enfant. Mais des progrès médicaux spectaculaires permettent aujourd’hui de guérir quatre enfants sur cinq. Il y a donc un groupe croissant de survivants au cancer de l’enfant ; en Suisse, on estime que 10 000 personnes en font partie. Etant donné que les méthodes employées pour lutter contre le cancer, en particulier les chimiothérapies à base d’anthracyclines et la radiothérapie, détruisent non seulement les cellules cancéreuses, mais aussi des tissus sains, nombre de patients souffrent d’effets secondaires.
Ce sont surtout les troubles cardio-vasculaires qui font souci car ils peuvent se manifester chez les survivants au cancer des dizaines d’années après le traitement. Afin d’évaluer l’ampleur de ces séquelles à long terme en Suisse, Claudia Kühni et ses collègues du Registre suisse du cancer de l’enfant à Berne ont demandé à des survivants au cancer et à leurs frères et sœurs non touchés par le cancer de remplir un questionnaire sur d’éventuelles maladies cardio-vasculaires. Les chercheurs se sont intéressés à toute la gamme de troubles envisageables : de l’hypertension artérielle à l’insuffisance cardiaque, des troubles du rythme cardiaque aux accidents vasculaires cérébraux.
Il est apparu que les survivants au cancer de l’enfant étaient à peu près deux fois plus souvent concernés : dans leurs réponses, environ 15 % des survivants, contre 8 % seulement de leurs frères et sœurs, ont mentionné au moins un problème cardio-vasculaire. Et bien que les méthodes de traitement se soient nettement modifiées au cours des 30 dernières années (on appliquait par exemple autrefois beaucoup plus souvent les rayons sur l’ensemble de la poitrine de l’enfant), le risque de maladies cardio-vasculaires n’a pas sensiblement diminué.
En outre, le risque est probablement supérieur à ce que les résultats de l’enquête indiquent. « Nous pensons que les questionnaires n’ont révélé que la partie émergée de l’iceberg », dit Claudia Kühni. En effet, les problèmes cardio-vasculaires se développent le plus souvent lentement, en passant par des phases subcliniques. Ainsi les battements du cœur peuvent-ils être légèrement affaiblis, indiquant un début d’insuffisance cardiaque. Mais comme cette phase est asymptomatique, les personnes touchées ne se doutent souvent de rien. Le groupe de recherche prévoit donc dès maintenant une nouvelle étude visant à rechercher de telles phases subcliniques par d’autres méthodes. Le but est de relever le plus tôt possible les séquelles à long terme du traitement anticancéreux, à un moment où le patient peut encore bénéficier au mieux d’un traitement.
Numéro du projet : KFS-2783-02-201