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Position des médecins palliatifs vis-à-vis de l’aide au décès

Les spécialistes en médecine palliative se voient régulièrement poser la question de l’accompagnement du suicide, mais ils n’y ont pas été formés. La plupart d’entre eux sont très réticents vis-à-vis de questions de ce type, mais ils sont en même temps nombreux à souhaiter une meilleure coopération avec les organisations d’assistance au décès. C’est la conclusion à laquelle aboutit une enquête soutenue par la Fondation Recherche suisse contre le cancer.

En Suisse, l’assistance active au suicide est interdite par la loi, mais l’assistance passive est autorisée. Le rôle prévu pour les médecins se limite à l’établissement d’un certificat selon lequel la personne souhaitant mettre fin à ses jours est atteinte d’une maladie incurable et capable de discernement. Les organisations d’assistance au décès ont le plus souvent recours à des volontaires pour la prescription de la substance mortelle et l’accompagnement du décès proprement dit, c’est-à-dire la présence au moment où la personne souhaitant mettre fin à ses jours ingère la substance mortelle. Comment les médecins palliatifs vivent-ils la coopération avec ces organisations et quelles expériences font-ils dans ce secteur flou du point de vue juridique et délicat du point de vue éthique?

L’équipe de Claudia Gamondi, médecin palliative, a approfondi ces questions dans le cadre d’un projet soutenu par la Fondation Recherche suisse contre le cancer. Gamondi a réalisé des entretiens qualitatifs avec 23 spécialistes en médecine palliative exerçant en Suisse. Elle a ainsi fait apparaître que tous les spécialistes interrogés suivent chaque année plusieurs patients exprimant le désir de mourir mais que ce désir n’est que rarement suivi d’un décès précoce organisé. La plupart des médecins palliatifs expliquent d’entrée à leurs patients que leur rôle n’est pas de prescrire une substance mortelle, mais de soutenir la personne dans son processus de décision, par exemple en recherchant avec le patient les raisons de son désir de mourir, en montrant les alternatives possibles ou en impliquant les membres de la famille.

« De nombreux collègues font face à un dilemme éthique », explique Claudia Gamondi : « Ils souhaitent d’une part respecter l’autodétermination du patient, mais d’autre part, leurs convictions personnelles et leur éthique professionnelle leur interdisent de participer activement à l’aide au décès. » Pour la chercheuse, ceci explique en partie la réticence des médecins vis-à-vis de demandes d’accompagnement du suicide. Seule une minorité de médecins spécialistes interrogés avaient pris contact avec des organisations d’assistance au décès. Cependant, nombre d’entre eux souhaiteraient une meilleure coopération avec ces organisations. En comparaison avec par exemple la Belgique ou les Pays-Bas, où les médecins ont mis en place des modules de formation spécifiques et des systèmes de soutien et où le rôle juridique des médecins est plus clairement défini, les médecins palliatifs de notre pays sont beaucoup plus passifs, probablement par prudence. Pour Claudia Gamondi, la Suisse aurait intérêt à combler les lacunes juridiques et à clarifier la responsabilité médicale de manière à réduire les incertitudes chez les médecins et à mieux structurer le processus d’aide au décès.

Numéro du projet : KFS-3347-02-2014