Contrairement à de nombreux autres types de cancer, contre lesquels on a enregistré de grands progrès ces derniers temps, le diagnostic de glioblastome reste effrayant : la moitié des personnes touchées par ce cancer meurent en l’espace de 14 mois, 5 % seulement y survivent plus de cinq ans. Les patient-e-s subissent un traitement chirurgical, une radiothérapie et une chimiothérapie, mais hélas, les résultats sont maigres, même en déployant tout l’arsenal médical disponible.
« Nous avons montré que les cellules immunitaires se trouvant au voisinage du glioblastome non seulement favorisent la croissance de la tumeur, mais peuvent aussi affaiblir l’impact des médicaments anticancéreux et de la radiothérapie », écrit Johanna Joyce dans le rapport final de son projet. Ces cellules immunitaires, appelées macrophages associés aux tumeurs ou TAM, représentent jusqu’à 30 % des cellules du glioblastome. Elles sont influencées par la tumeur cérébrale et son environnement, de sorte qu’elles aident les cellules cancéreuses au lieu de les combattre.
Mais à présent, Johanna Joyce et son équipe de l’Université de Lausanne ont démontré qu’il est possible d’influencer le comportement de ces cellules immunitaires par voie pharmacologique et de rétablir ainsi leur fonction normale de lutte contre le cancer. Dans leurs articles scientifiques, les chercheuses et chercheurs parlent d’une « rééducation des cellules immunitaires » qu’ils ont réussi à réaliser dans des expériences sur animaux. Les substances qui produisent cet effet de reconversion sont appelées PLX3397 ou BLZ945 et sont actuellement testées pour la première fois dans le cadre d’essais cliniques chez des patient-e-s atteint-e-s d’un cancer.
Il faut attendre de voir si elles font leurs preuves et pourront effectivement un jour servir à soigner les patient-e-s atteint-e-s d’un glioblastome, mais ce qui est déjà sûr, c’est qu’elles présentent des avantages importants par rapport aux traitements actuels. En effet, ceux-ci sont en général directement dirigés contre les cellules tumorales qui se modifient en permanence et développent souvent des résistances contre les médicaments. En revanche, un traitement qui empêche les interactions entre la tumeur et les cellules environnantes est une approche attrayante, explique Johanna Joyce : « En effet, les cellules immunitaires sont génétiquement normales. Il est peu probable qu’elles acquièrent une résistance aux médicaments. »
Numéro de projet : KFS-3990-08-2016