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Au laboratoire, il a appris à mieux comprendre la maladie

Patrick Bergsma est allé en Australie grâce à une bourse de recherche. Au cours de sa spécialisation en oto-rhino-laryngologie, il y a échangé pendant deux ans sa blouse de médecin contre celle du laboratoire. À présent, il est rentré à l’Hôpital cantonal de Saint-Gall et tire profit de multiples manières des précieuses expériences acquises.

Patrick Bergsma traite des patientes et des patients – et mène des recherches sur de nouvelles thérapies.

Malgré son jeune âge, Patrick Bergsma donne l’impression de savoir de quoi il parle. Peut-être parce qu’il ne cache pas les choses difficiles, par exemple les limites de sa discipline. Oto-rhino-laryngologiste à l’Hôpital cantonal de Saint-Gall, il soigne des patient-e-s atteint-e-s d’un cancer de la cavité buccale. « Faute d’alternatives, nous avons encore souvent recours au cisplatine », explique-t-il, « une molécule utilisée depuis des dizaines d’années en chimiothérapie et qui a des effets potentiellement toxiques sur l’oreille interne et le rein. » C’est pourquoi il est important de découvrir de nouvelles méthodes de traitement de ce type de cancer.
 

Participation à la recherche de nouvelles options de traitement

Comme il voulait participer à cette recherche, début 2022, Patrick Bergsma s’est porté candidat pour une bourse de la fondation Recherche suisse contre le cancer. « Par mon engagement dans la recherche, je souhaite améliorer le pronostic des jeunes patientes et patients souffrant d’un cancer de la cavité buccale », exposait-il dans sa demande. Celle-ci ayant été acceptée, il s’est envolé en septembre 2022 pour Sydney, Australie, où il est entré dans le groupe de recherche de Marina Pajic dans un institut de renom, le Garvan Institute for Medical Research.

« L’équipe de Marina Pajic s’est fait une excellente réputation dans la fabrication et l’étude de modèles tumoraux du cancer du pancréas », raconte Patrick Bergsma, et l’équipe voulait utiliser ses connaissances pour cultiver de nouveaux modèles du cancer de la cavité buccale. C’est là que l’oto-rhino-laryngologiste Patrick Bergsma a rejoint le groupe de recherche. « Au début, il a fallu que je trouve mon rôle », raconte-t-il. Il décrit ce rôle comme une sorte de traducteur, car il apportait sa perspective clinique. C’est ainsi qu’il parlait avec les spécialistes du laboratoire du rapport entre leurs découvertes et certains symptômes de la maladie.

Dans l’équipe de Marina Pajic, il faisait aussi le lien avec le grand centre du cancer de la ville, le Chris O’Brien Lifehouse, où il travaillait avec des collègues de la chirurgie de la tête et du cou et de la pathologie. Il participait à des opérations de patient-e-s atteint-e-s de cancer de la cavité buccale, prélevait des cellules sur les tumeurs opérées pour ensuite les cultiver et les multiplier. Au laboratoire, il apprit les méthodes et techniques nécessaires et affirme trouver « passionnant de se concentrer sur les mécanismes moléculaires et d’observer les cellules au microscope ».
 

Durcissements des tissus conjonctifs

Pendant son séjour de deux ans à Sydney, lui et ses collègues ont réussi à générer à partir de tumeurs des douzaines de modèles. Ils ont ensuite testé sur ces modèles de nombreux médicaments et l’un d’entre eux a abouti à des résultats particulièrement prometteurs. Il s’agissait d’une substance qui n’était pas dirigée contre les cellules tumorales proprement dites, mais contre les cellules des tissus conjonctifs se trouvant dans l’environnement immédiat.

« Nous avions remarqué que des durcissements du tissu conjonctif s’accompagnent d’un moins bon pronostic », raconte Patrick Bergsma. La substance testée permit aux chercheuses et chercheurs d’inhiber l’activité des cellules du tissu conjonctif. Dans des expériences sur la souris, les tumeurs étaient alors plus sensibles à la radiothérapie. « Cette approche pourrait être une nouvelle stratégie de traitement qui améliorerait les résultats chez les patient-e-s atteint-e-s d’une tumeur de la cavité buccale durcie », conclut le jeune chercheur dans son rapport final de projet. Mais il reste beaucoup de travail à faire avant de pouvoir vérifier l’efficacité de cette nouvelle stratégie de traitement chez l’être humain.

Patrick Bergsma est rentré en Suisse en septembre 2024 et il passe à nouveau la majeure partie de son temps de travail à l’Hôpital cantonal de Saint-Gall à soigner et suivre des patient-e-s. Il dit qu’il comprend maintenant mieux les bases de la maladie, ainsi par exemple « les modifications moléculaires et structurelles qui font que la tumeur est ressentie comme dure à la palpation. »
 

Acquis les clés

En même temps, il peut continuer à se consacrer à la recherche pendant un ou deux jours par semaine : « je suis encore impliqué dans le projet australien », dit-il, et il lance aussi de nouveaux projets à l’Hôpital de Saint-Gall. Ainsi joue-t-il un rôle clé dans la mise en place d’une banque de données qui contient des informations sur la maladie de plus de 1000 patient-e-s atteint-e-s de tumeurs de la tête et du cou. « Je suis convaincu que mieux connaître les fondements moléculaires de la maladie va permettre des améliorations vitales des traitements », affirme-t-il.

Il est « très reconnaissant d’avoir pu faire ces expériences extrêmement précieuses » en Australie. « Ce travail au bout du monde a posé les bases à quelque chose de formidable qui porte à présent ses fruits aussi en Suisse », dit-il. En effet, au laboratoire de recherche, il a acquis les clés qui lui permettent de lancer lui-même des projets. D’une part, il a noué des contacts, par exemple, avec des expert-e-s en bio-informatique, d’autre part, il comprend maintenant beaucoup mieux ce dont on a besoin pour aboutir à des progrès dans le traitement. C’est pourquoi il est à présent déterminé « non seulement à soigner les patientes et patients d’aujourd’hui, mais aussi à faire avancer les traitements du futur ».
 

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