Docteure Wenning, quelle est la plus grande difficulté face au cancer du pancréas ?
C’est sans doute de poser le diagnostic à temps, car il est crucial de détecter le cancer du pancréas le plus tôt possible, avant qu’il ne forme des métastases. C’est le seul moyen de conserver un bon pronostic pour le patient – la tumeur est extraite chirurgicalement et on enchaîne ensuite par une chimiothérapie. Opérer le pancréas est une intervention très complexe, qui nécessite une équipe expérimentée pendant et après l’opération. La chirurgie est votre domaine clé et un aspect central de votre projet de recherche.
Pouvez-vous nous le décrire concrètement ?
Dans le cadre de l’étude «ToPanc», avec mon équipe, nous cherchons la meilleure stratégie chirurgicale en cas de cancer de la tête du pancréas. «ToPanc» signifie «Total Pancreatectomy», c’est-à-dire l’ablation complète du pancréas. Nous cherchons à savoir si l’opération standard actuelle, soit retirer une partie du pancréas et suturer le reste à l’intestin grêle ou à l’estomac, est toujours la meilleure option. Car la suture parfois insuffisante peut mener à un écoulement du jus pancréatique, agressif, dans l’abdomen. L’alternative consisterait à enlever l’entier du pancréas, ce qui est moins complexe chirurgicalement, avec un meilleur pronostic pour le patient.
Enlever le pancréas en entier ?
Oui, cela peut sembler étrange, mais il est possible de vivre sans pancréas – il faut bien sûr pourvoir aux fonctions principales, la production d’enzymes digestives et d’insuline. Grâce à aux avancées technologiques considérables dans le traitement du diabète, tels les capteurs permettant de mesurer en continu la glycémie et les pompes automatiques libérant l’insuline, l’ablation totale du pancréas permet une qualité de vie souvent équivalente à l’ablation partielle. Il s’agit en fin de compte d’évaluer les risques au moment du choix de la thérapie.